la madeleine de Proust
MADELEINE DE PROUST FAÇON NADINE
''Et tout d'un coup, le souvenir m'est apparu'' : C'était à la cantine de l'école de bonnes sœurs. Nous avions entonné toutes en cœur le bénédicité : Bénissez nous Seigneur,
"Bénissez ce repas,
Ceux qui l'ont préparé.
Et procurez du pain à ceux qui n'en ont pas.
Ainsi soit-il ! »
Qui devrais je bénir pour le truc immonde que j'ai dans l'assiette ? Il paraît que c'est de la « délicieuse langue de bœuf bien fondante .
Beurk ! Beurk ! Beurk !
Je ne vois qu'un bout de barbaque marron avec des tuyaux dedans... Et il va falloir que je le mange. C'est qui la cuisinière indigne qui prépare ce machin écœurant pour des gosses qui n'ont pas faim ? Procurez nous du pain, oui, d'accord, du bon pain blanc avec de la mie bien moelleuse, et une croûte bien croustillante, mais pas de la langue de bœuf !
J'ai l'image de l'animal, avec ses yeux bovins, qui mâche et REMÂCHE des heures durant un truc qu'est déjà passé dans son premier estomac, qu'il a fait remonter dans sa bouche, sur sa langue, cette langue- à, que j'ai dans mon assiette.
Beurk ! Beurk ! Beurk et re-beurk !
Je fais une première tentative avec un tout petit morceau englué dans la sauce maronnasse et j'ai illico presto des hauts le cœur. Ah ! Je bénis ceux qui n'ont rien à manger, car cette abomination leur est épargnée, à eux, les CHANCEUX !
Et malgré mon dégoût, obligée par les bonnes sœurs sadiques, je mastique tant bien que mal l'immondice en réprimant mon envie de vomir. J'avale. Gloups ! Une bouchée, une ! Un temps de répit avant de passer à la deuxième portion. De toute façon, il va falloir tout ingurgiter, sœur Marie-Saint-Lucien veille au grain, il ne faut pas gâcher.
Et après ce supplice gastronomique, on passe à la crème à la vanille, deuxième grande torture de ce déjeuner honni à la cantine de l'Immaculée Conception...
Mais ceci est une autre histoire.
Ah ? Je ne vous ai pas dit ?
Je déteste la crème à la vanille !
Nadine Lambert
Ajouter un commentaire
Commentaires