Être une femme, c'était déjà pas facile. Mais devenir une vieille femme, c'est pas du gâteau. Ça a commencé avec des rides. Bon. Bien placées, ça allait encore... Puis, la cellulite. Bon, avec des fringues adaptées, passe... Et puis, peu à peu, ce sont les capacités physiques qui ont commencé à battre de l'aile : essoufflement, fatigue en début de soirée, gène quand les voisins font du bruit, désintérêt pour l'exercice physique parce qu'on ne peut plus.

ON – Non : JE. La poisse, quoi ! Et dans la tête : je crois bien que je commence à avoir des idées de vieille : « Quand j'étais jeune... » Ouh, la la ! Ça démarre mal ! Ne puis-je plutôt me dire : « Maintenant que j'ai de l'expérience, et que je sais ce que je sais, que j'ai vécu ce que j'ai vécu, bla, bla, bla... » Non, franchement, ça fait vieille et chiante ! Je ferais mieux de faire ce que j'ai si souvent fait : me taire. Comme disait un psychiatre de ma connaissance : « On ne vous demande pas de parler, mais d'écouter ». Ouais, mais à force d'écouter les autres, on finirait par croire que je ne pense rien !

Alors c'est quoi être vieille ? Être consciente de ce qu'on aurait pu être, de ce qu'on aurait pu faire, de ce qu'on n'est pas, de ce qu'on ne peut plus faire, et de ce qu'on ne fera ni ne sera jamais. « C'est pas la joie » comme déclamait le chanteur (lequel, déjà ?).

Le mieux, je crois, c'est d'être capable d'en rire, car, après tout, le plus important, c'est d'être là, et d'avoir la possibilité de prendre de la distance avec des contingences auxquelles on ne peut de toute façon pas grand-chose.

Nadine.