le penseur de Rodin

d'après jacqueline L

                                                  

 

      Jeannette venait souvent s’asseoir sur le banc, sous l’ombrage de la statue « du penseur de Rodin » ornant le milieu de la grande pelouse du jardin public, à deux pas de son appartement.

 

    Elle restait là de longs moments à respirer l’air frais se sentant protégée par la masse imposante et sombre de l’homme en méditation.

 

    Celui ci, plongé dans une profonde réflexion, semblait impassible, imperméable au monde extérieur. Comme la pluie, le quotidien glissait sur son corps de bronze, le laissait intact. Mais c’était là bien mal le connaître.

 

    Il était ,au contraire, toute ouïe et avait le pouvoir de se souvenir de tout ce qui se contait autour de lui.

 

    Un soir, après un gros orage, alors que le jardin était fermé au public, notre penseur en bronze, engourdi d’être assis sur sa pierre depuis des lustres, s’étira sur toute sa hauteur. Il poussa un cri ou plutôt un hurlement, un hurlement de loup, du loup « du petit chaperon rouge » dont il avait si souvent entendu conter l’histoire par Jeannette à ses petits enfants.

 

    Bientôt son corps lisse et brillant se couvrit de poils longs et drus. Des crocs puissants capables de déchiqueter des chairs vivantes remplacèrent sa dentition. Son nez se transforma en un museau effilé à la truffe humide et sensible tandis que ses yeux luisants percèrent l’obscurité, à la recherche d’une proie éventuelle.

 

    « Plus que jamais, gare à toi petit chaperon rouge ! »

d'après Marie

 

 

   Chaque matin, il croisait son chemin, il faisait partie de son paysage. Elle l'admirai. Tout en muscles, aux formes parfaites, il  incarnait la force et la faisait rêver, il aurait surement pu venir à son secours en cas de danger.

 

   Mais aujourd'hui, elle a l'esprit en hiver, elle l'observe et le voici descendu de son piédestal. sa coiffure ne lui plait pas, et que fait-il dans toute sa nudité en plein milieu du jardin, recroquevillé sur lui-même , perdu dans ses pensées. Comme elle avait été tentée de le faire parfois , un malheureux lui a-t-il confié un  secret qu'il ne peut résoudre?

 

    Noyé dans son grand silence, songe t-il à Camille, ou à un certain Paul qui peut être lui avait envoyé ce message: "Quand on croit que tout est fini, il y a toujours un rouge-gorge qui se met à chanter" Ou tout simplement entre-t-il en introspection.

 

   Qui était son modèle, un homme sans doute "à la porte de l'enfer" pour  être si triste. Pourquoi pas son maître lui-même.

 

    Elle ne peux rien pour lui, figé dans son bronze à la merci de la brûlure du soleil ou de la morsure du froid, il brave ses incertitudes et ses semble là figé pour l'éternité.

 

Cette fois, elle  passe mon chemin.

 

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