
le réveil de l'insecte
« Le soleil a réveillé mon corps. J'ai hésité un peu avant d'ouvrir précautionneusement mes ailes. J'ai relevé mes antennes, j'ai déployé ma trompe. J'étais prêt. »
Évidemment, j'avais dû graisser mes articulations à l'huile de machine à coudre, car pendant l'hiver, elles avaient un peu rouillé. Pour mes antennes, elles ont coulissé avec un son de porte qui grince, car de la poussière et des saloperies s'étaient introduites dans leurs gaines. Quant à ma trompe, autant vous le dire tout de suite, il a fallu l'assouplir à l'essence de térébenthine. Je déteste ça, mais c'est le seul moyen de ne pas la bousiller pour ma première dégustation de printemps.
En résumé, mes appendices, ça va, mais pour mes ailes, y'a un sacré boulot de défroissage. Je vais emprunter la centrale vapeur de la mère Michel, car sans ça, je n'y arriverai pas, à voler ! Pour la carrosserie, un bon coup de polish et je devrais retrouver mon lustre de l'année dernière – quoique – j'ai un peu vieilli... Mon motocœur a des ratés au démarrage, je crois bien qu'il va falloir vidanger le kérosène de l'été dernier, car avec le dépôt au fond du carburateur, je risque de m'écraser en plein vol.
Mes manomètres sont, eux, au beau fixe, et tous mes voyants -ou presque- sont au vert. Le voyant bleu, non, ce n'est pas un voyant, c'est une LED pour éclairer le tableau de bord.
Pour ma première sortie, j'envisage un petit survol de la piste en herbe, juste pour voir si rien d'autre ne m'aurait échappé. Me voici enfin sur le tarmac. Je mets les gaz, mais je tousse méchamment en bout de piste, alors je fais un piqué mémorable, trompe en avant...
Me voici planté dans l'herbe, les pattes battant l'air et la queue par-dessus la tête : première sortie ratée. On recommence demain après les révisions qui s'imposent : carburateur, accélérateur, plein de kérosène enrichi, le toutim, et à moi les grands espaces aériens !
Nadine
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Bientôt, il volera à l'électricité!