obsession

 

texte à compléter

 

 

    « il passait son temps à compter, les autos, les avions...une obsession qui lui venait de sa plus tendre enfance mais, lui, avait l’impression de compter pour du beurre ».

En grandissant, il était devenu laid. Sa barbe avait couvert ses joues de touffes éparses et ne parvenait pas à dissimuler un visage ingrat, en lame de couteau. Ses yeux, d’une couleur incertaine, plutôt d’un bleu délavé, ne semblaient pas regarder tous les deux dans la même direction. Gaspard louchait.

 

    Efflanqué, tel un épouvantail placé dans un champ de blé pour effrayer les corbeaux, il circulait tout le long du jour dans la même galerie commerciale. Personne ne savait s’il habitait à proximité ou s’il squattait la nuit sur les bancs ou parkings voisins.

 

    Il avait toujours l’air pressé ou préoccupé comme s’il devait remplir une mission urgente. Rien n’aurait pu le faire dévier de sa trajectoire, toujours la même : arpenter les quelques dizaines de mètres pour rejoindre un point à un autre.

 

    Les commerçants de la galerie le connaissaient et ne faisaient plus cas de sa disgrâce. D’un bond de gorille, il entrait dans chaque magasin où il se savait accueilli, serrait une main ou deux. L’émission de son bonjour ressemblait à une sorte de grognement avenant accompagné d’une grimace souriante.

 

    Sa bonne humeur mêlée à une certaine insouciance le rendait plutôt sympathique malgré le poids de ses défaillances physiques qui s’accentuaient d’année en année.

texte de jacqueline L

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