le berceau de berthe Morisot

LE BERCEAU

 

Do, l’enfant do…À travers les voiles transparents, le nouveau né dort paisiblement. La jeune maman n’a de cesse de contempler sa merveille. Elle se penche sur le berceau, écoute sa respiration et pose sa main sur ses petits pieds mignons.

 

Dans son sommeil, le bébé émet de légers bruits de sucions qui attirent l’attention de sa mère. A t’il assez bu ? Se demande t’elle, mais rien de grave car, pour le moment, on peut dire qu’il sourit aux anges…

 

Toute à son émerveillement des premières heures après la naissance, la jeune Léonie a déjà oublié combien étaient douloureuses les dernières contractions et comment elle avait peine à maîtriser sa respiration.

 

C’est le chant de Mabaka, la sage femme noire, qui a joué le rôle d’un puissant anesthésiant. Elle est entrée dans la chambre, s’est approchée du lit de Léonie. Elle lui a pris doucement la main, lui a effleuré la joue de ses longs doigts de jais et a entamé une complainte de sa voix rauque, pleine et grave. Le chant d’abord murmuré s’est amplifié, s’est rythmé au souffle de Léonie et, toutes les deux, ont inspiré et poussé, poussé dans un même effort. Le don magique de Mabaka a opéré et Léonie s’est laissée aller à sa déchirure.

 

L’enfant est né. Il a crié. Mabaka a poursuivi sa complainte sous ses yeux grand ouverts. Il s’est arrêté de pleurer et l’a regardée, étonné…

jacqueline L